par Hakim Bah
Dana dit :
« Avec
la voix, je ressens moins le besoin du support de la musique, je suis mon
propre accompagnement. D'ailleurs, je vis aussi beaucoup plus en silence dans
le quotidien. Le silence me donne de l’espace pour réfléchir et me poser »
Cela on le reçoit à plein yeux avant même de
franchir la porte pour entrer dans la salle. La petite salle du Monumemt-National. Que la petite salle
du Monumemt-National nous
engloutisse. Non. Qu’on se laisse engloutir (voilà plutôt) par la petite salle
du Monumemt-National.
Voilà. Voilà. Voilà. Je suis averti. On est
averti.
On a pas besoin de lire et même si on lit de
comprendre tout de suite ce qu’elle veut dire veut nous dire.
On rentre dans la salle et on se laisse
engloutir.
Par le vide de la salle.
Par le silence.
Par le court silence.
Et puis. Et puis. Et puis.
Le vide le silence se laisse envahir.
Par le corps.
Par le son.
Par le son qui naît du corps.
Par la voix.
Par la voix qui naît du corps.
Le vide le silence se charge petit à petit de
quelque chose et cesse d’être vide cesse d’être silence. Du moins, on ne sent
plus le vide on ne sent plus le silence du petit instant de vide de silence
avant les hostilités.
Pas de panique.
Pas panique.
Pas panique.
C’est que le début du spectacle. Ou disons
tout simplement encore le début des hostilités. Du corps sur lui-même. Du corps
sur la voix. La voix sur le corps ou dans le corps.
Tout peut commencer. D'ailleurs, tout a déjà
commencé.
Le temps que ça prendra on ira jusqu’au bout
si jamais y’a un bout. Jusqu’à la fin si jamais y’a une fin.
Espérons.
Et puis. Et puis. Et puis.
Même s’il y a pas de bout pas de fin on se
laissera transporter par l’infini qui commence. Mettons-nous d’accord.
Bon. Bon. Bon.
On oublie le temps et on se traîner s’envahir
par le corps qui. Doucement. Lentement. Avance. Avance quand même. Avance.
Le son qui s’allume du corps.
Après tout. Tout vient du corps naît du corps
et finit par s’étouffer.
Comme la vie.
Le cycle de la vie.
On naît. On vit. On meurt ou on crève.
C’est simple tout simple paraît simple si
simple tout simple pourtant ce n’est pas simple pas tout simple.
Pas de panique.
Ça sera tout simple.
Faut juste se laisser emporter par le monde
qui naît du corps.
Maintenant on peut.
Se laisser crever les tympans par la fièvre du
son qui monte monte monte pour devenir parole.
Se laisser crever les mirettes par le corps poubelle, qui essaye ou pas de se
libérer de sa prison.
À quoi ça sert de gaspiller des salives si on
sait d’avance qu’on ne sera pas entendu.
Mais justement qu’est-ce qu’on perd aussi de
gaspiller des salives même si on sait qu’on ne sera pas entendu.
Après tout. Les salives c’est les salives. Les
salives on n’en aura toujours. Alors. Dire pour le plaisir de dire. Même si au
passage on n’en gaspille des litres de salives. S’en foutre et dire. Tout
simplement.
Cracher son mal sa douleur juste pour le
plaisir.
Pas de panique.
Je pose un peu. Recommence par le
commencement.
Mais peut-être pas exactement. Parce que
l’important ce n’est pas de dire tout. Se mettre à tout dire.
Mais de dire ce qui se donne à dire. Tout
simplement. De façon ordonnée ou désordonnée.
Dana
dit :
«Après
avoir évité soigneusement d’aborder le fait d’être noire dans mes œuvres, j’ai
foncé dans le sujet à partir des stéréotypes de la culture noire qui me sont venus
spontanément à l’esprit : melon d’eau, poulet frite, black face, etc. »
Un corps noir englouti dans du noir qui
s’engloutit dans du blanc dans un espace blanc.
On pense à une quête identitaire. Plutôt une
revendication.
Mais pas du tout. Tout de suite cette idée est
balayée ou disons tout simplement détournée par le corps. Le travail du corps
pour donner corps. Les souffrances. Les
douleurs. Les tortures. Les…
À partir de là, on se défait de cette idée de
couleur. On s’enfonce dans du plus fond. Le corps qui donne corps : La
naissance.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire