vendredi 31 mai 2013

WINNERS AND LOSERS: Réflexions à partir du dit et du non-dit

par Ligia Borges Matias Carbonneau

Deux hommes, deux opinions, plusieurs thèmes lancés sur la table et le plus dur entre tous les sujets : eux-mêmes. C'est facile d'opiner à propos de ce qui ne les touche pas ; c'est facile de mettre des mots quand le sujet est quotidien et que tous deux ont des jugements sur le propos ; c'est facile de discuter des frivolités, et quand la question leur semble relativement résolue ou quand les raisonnements ont cessés, de toucher une sonnette pour clore la discussion. Par contre, le plus dur c'est de parler de soi, de l'autre qui est devant toi, et la tâche se complexifie encore au moment de laisser les futilités de côté et d’argumenter à partir des réalités, des profondeurs, des faits qui sont connus de l'autre, tout simplement parce qu'il a osé, à un moment donné, s'ouvrir, se montrer. À quel point peut-on laisser les mots monter du cœur endurci, descendre d'une tête chaude et sauter hors de la bouche ? Quel dommage peut-on causer ? Quelle est la conséquence d'exhiber les faiblesses de l'autre ? Qui est le vainqueur? Qui est le perdant ? Quelles sont les données pour qu'il soit possible de comptabiliser le succès ? « Winners and Losers » c'est en même temps le nom du spectacle et comment je me sens au moment que les lumières s'allument dans le public...



Motivée par le jeu initial, bouleversée par la discussion finale : il ne me reste qu’à demeurer pour la rencontre. Les questions se trafiquent d'un côté à l'autre de la salle et elles résonnent en moi, elles questionnent le simulacre. Qui sont ces hommes-acteurs-hétérosexuels-êtres-relativisateurs-des-points-de-vue, qui viennent de m'exposer leurs familles et leur intimité ? Étaient-ils les personnages de la conversation enragée ? Étaient-ils personnages d'eux-mêmes, un montage du meilleur et du pire de ce qu’ils sont ? Étaient-ils eux-mêmes, en train de faire une auto-analyse devant nous, et si oui, pourquoi ? Je découvre : tout est réel. Les informations personnelles autant que les futilités quotidiennes. Ce n'est pas tout qui est de l'improvisation. Ils ont un texte. Ils ont construit un texte pour être libres d’improviser, pour pouvoir s'exposer sans blesser leur relation. Les idées restent, les mots se renouvellent. Deux hommes qui donnent leur réalité dans le cadre de la fiction du spectacle. Deux êtres qui se fictionnalisent pour que nous, les spectateurs, puissions réfléchir à nos réalités.

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